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    Mir Malik Sultan Khan (1905-1966)

    Sultan Khan est, sans doute, la figure la plus mystérieuse de l'histoire des Échecs. C'était le servant hindou analphabète d'un colonel de l'armée britannique. N'oublions pas que nous sommes dans les temps où l'Inde est encore une colonie britannique. Son maître (il faut bien appeler les choses par leur nom), le Colonel Nawab Sir Umar Hayat Khan, se rend compte de son extraordinaire talent pour la version indienne des Échecs (chaturanga) et lui apprend les règles européennes et le fait participer au championnat d'Inde de 1928. Sultan Khan gagne l'épreuve avec deux points d'avance ! L'année suivante, il participe au championnat de Grande-Bretagne qu'il remporta trois années consécutives en 1930, 32 et 33. Sultan Khan ne savait ni lire, ni écrire, ne connaissait rien à la théorie et obtint ses résultats par la seule pratique. Pendant les quatre années de sa courte carrière, il affronte les meilleurs joueurs du monde : Alekhine, Capablanca, Rubinstein, Euwe et Tartakover. Cela fut un choc pour la société britannique encore très victorienne et collet monté. Mis à part son origine et sa classe sociale, son physique était des plus curieux : petit, mince, la peau sombre, la goutte au nez car affligé d'un rhume perpétuel. Cependant, son jeu était des plus solides, avec une grande compréhension positionnelle et une patience inébranlable dans les parties longues, mettant en place des manœuvres tenaces qui peu à peu laissaient totalement sans ressources ses adversaires. Illettré, il ne pouvait noter ses parties ey avait toujours besoin d'une aide. Après quatre ans en Grande-Bretagne, son maître décida de retourner en Inde. Il y vécut comme agriculteur et mourut en 1966 de tuberculose, laissant derrière lui bien des interrogations, en particulier celle de savoir jusqu'où il aurait pu évoluer s'il avait eu la chance de vivre dans de meilleures conditions.

     

    Sultan Khan jouait sans calcul. À Hastings en 1930, après avoir battu Capablanca, il refusa la nulle proposée par Euwe dans une position égale qui aurait pu lui faire gagner le tournoi. Il perdit la partie.

     

    La connaissance des ouvertures lui faisait défaut, mais dès le milieu de partie, sa maîtrise lui donnait l'avantage. Il avait une compréhension étonnante des finales.

     

     


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