•  ALEXANDRE ALEKHINE

     

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    Alexandre Alekhine est né en Russie en 1892.

     

    Alekhine apprit à jouer aux échecs à sept ans. Né dans une famille aisée de la Russie impériale (son père était propriétaire terrien et député à la Douma), Alekhine fit de brillantes études et apprit au lycée le français et l'allemand. Après quelques tournois par correspondance, il disputa son premier tournoi important à seize ans, à Düsseldorf, en 1908 (il termina quatrième). Il obtint ses premiers succès au championnat de Russie amateur disputé à Saint-Pétersbourg en 1909 et aux tournois internationaux de Stockholm 1912 et de Scheveningue 1913. En 1914, il remporta le championnat de Russie.

    Après la guerre, Alekhine remporta le championnat de Moscou et le premier championnat de la RSFSR en 1919-1920 et quitta la Russie soviétique en 1921 pour Berlin et la France où il arriva en janvier 1922. Par la suite, Alekhine refusa toujours de revenir en Union soviétique.

     

    Alekhine devint champion du monde en 1927 en battant à Buenos Aires le tenant du titre, le Cubain José Raúl Capablanca sur le score de 18,5 à 15,5 (+6, -3, =25), au terme d'un match marathon de plus de 2 mois et 34 parties. En dépit de multiples négociations, le match revanche promis au Cubain ne fut jamais organisé. À l'époque, c'était encore les champions qui choisissaient les challengers.

    Alekhine domina le monde des échecs pendant toute la période entre 1929 et 1933 : il réalisa l'exploit de se classer premier sans interruption dans les 15 tournois auxquels il participa. Au lieu de défier Capablanca comme il l'avait pourtant promis, il choisit comme challenger son ancien compatriote Efim Bogoljubov, moins redoutable. Alekhine conserva facilement son titre face à lui en 1929 (15,5 à 9,5 ; +11, -5, =9), puis en 1934 (15,5 à 10,5 ; +8, -3, =15).

    Alekhine perdit à la surprise générale son titre en 1935 face au Néerlandais Max Euwe (14,5 à 15,5 ; +8, -9, =13). Alekhine souffrait d'alcoolisme et ne parvenait pas à contrôler sa dépendance. À la suite de sa défaite, il arrêta de boire et reprit le titre de champion du monde deux ans plus tard, en 1937, lors du match revanche (15,5 à 9,5 ; +10, -4, =11).

    En septembre 1939, lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata, Alekhine participait à l'Olympiade de Buenos Aires. En janvier 1940, il arriva à Lisbonne, et demanda à être mobilisé comme interprète dans l'armée française. Il rentra en France en février. Après l'Armistice, démobilisé, il transmit à Capablanca en juillet 1940 sa proposition de disputer un match. La communication se fit par l'intermédiaire du consulat de Cuba à Marseille et les négociations se poursuivirent jusqu'en 1941 et l'entrée en guerre des États-Unis.

    À la fin de mars 1941, Alekhine fut autorisé à se rendre en Espagne. Il avait l'espoir de partir au Brésil ou à New York. La femme d'Alekhine, était restée dans leur château près de Dieppe pour sauver les biens du champion. Pour délivrer un visa à Alekhine et protéger sa femme, née américaine et naturalisée britannique, les autorités allemandes auraient alors demandé à Alekhine de rédiger plusieurs articles sur les échecs pour le quotidien allemand Pariser Zeitung qui parurent sous son nom en mars 1941. Quand Alekhine arriva à Lisbonne en avril 1941, il apprit que son projet de match avec Capablanca avait échoué; il fut malade et se remit à boire. À ce moment, les articles d'Alekhine étaient repris avec d'importantes variantes dans la Deutsche Schachzeitung et dans d'autres journaux nazis comme Deutsche Zeitung in der Niederlanden, d'avril à juillet 1941, sous le titre « Échecs juifs et aryens », sous-titré « Une étude psychologique, fondée sur l'expérience échiquéenne, montrant le manque de force de conception et de courage des juifs, par le champion du monde des échecs, le Dr Alekhine. » Ils provoquèrent l'indignation dans le monde. Euwe refusa de participer dans les tournois auxquels participait aussi Alekhine. À la fin de la guerre, Alekhine fut accusé d'avoir collaboré avec les Nazis pour protéger sa femme et sauver ses biens en France, notamment son château à Saint-Aubin-le-Cauf. Après la libération de la France (en 1944), Alekhine affirma à plusieurs reprises que « pas une ligne » n'était de sa main et que ses articles avaient été manipulés. Cependant, lors d'entretiens accordés pendant son séjour en Espagne en 1941, il aurait ajouté qu'il avait été « le premier à traiter des échecs d'un point de vue racial ». Dans ces articles il écrivait que les « échecs aryens » étaient « des échecs agressifs » et considérait la défense comme la conséquence d'une erreur antérieure, et le fait que l'on pouvait gagner avec la « défense pure » un « concept sémitique ».

    En septembre 1941, Alekhine quitta le Portugal pour disputer le deuxième tournoi Europa à Munich. De 1941 à 1943, il multiplia les tournois en Europe occupée : à Cracovie, Lublin et Varsovie (en 1941 et 1942), à Münich (1941 et 1942), à Salzbourg (en 1942 et 1943), à Prague (en 1942 et 1943) ainsi que des conférences et des exhibitions en Allemagne, Autriche Pologne, Espagne et au Portugal.

    À la fin de 1943, les bombardements des Alliés ne permettaient plus d'organiser des tournois dans l'Europe occupée par les Allemands et Paul Keres déclina une proposition de match. Invité par la fédération espagnole, Alekhine quitta l'Europe occupée en octobre 1943 et arriva à Madrid le 15 octobre 1943. Par la suite, il ne quitta plus l'Espagne et le Portugal, alors que sa femme restait en France. Affaibli, il fut interné dans un sanatorium pour résoudre ses problèmes d'alcool.

    En 1944 et 1945, Alekhine, toujours sans sa femme, poursuivit son activité en Espagne et au Portugal. Un médecin diagnostiqua une dépression nerveuse. En 1945, Alekhine reçut une invitation pour disputer le tournoi d'échecs d'Hastings de 1945-1946 ; cette invitation fut retirée suite à l'opposition des fédérations néerlandaise et américaine. Le 28 novembre 1945, il apprit que son invitation au tournoi de Londres 1946 avait été résiliée. Reuben Fine et Max Euwe auraient protesté à son inclusion. Ils reprochaient à Alekhine ses articles au Pariser Zeitung et son silence. Alekhine répondit par une lettre contre ces accusations : il niait avoir écrit les articles et regrettait de ne pouvoir se défendre à Londres.

     

    Alekhine mourut le 24 mars 1946 dans sa pension à Estoril, au Portugal, dans des circonstances assez troubles et au moment même où un match contre Mikhail Botvinnik allait être organisé pour l'obtention du titre de champion du monde : début mars, Alekhine avait reçu la proposition de Botvinnik écrite en février 1946 et, la veille de sa mort, le 23 mars, la fédération anglaise avait donné son accord pour patronner le match.


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