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    AU XIXe SIECLE

     

     

    Les premiers documents écrits remontent au Moyen-Age, mais le premier livre d'échecs en langue magyare a été publié en 1758. Cependant, les résultats des compétitions ne sont enregistrés qu'à partir du milieu du XIXe siècle.

    En 1851, au tournoi de Londres, deux Hongrois sont invités : Löwenthal : expulsé de Hongrie en 1848, il avait émigré aux États-Unis en 1849, puis quitta ses affaires pour venir disputer le tournoi à Londres en 1851, et Szén. Ce dernier atteignit la cinquième place.

     

    En 1867, le baron Ignaz von Kolisch remporta le tournoi international d'échecs de Paris devant Szymon Winawer et Wilhelm Steinitz.

     

    Digne héritier de Lowentahl, Isidor Gunsberg (gravure) fit partie de l'élite mondiale dans les années 1880 (chessmetrics le place #1 en février 1889) et fut le premier hongrois à disputer un match de championnat du monde d'échecs, face à Wilhelm Steinitz en 1890-1891 (perdu +4 =9 -6).

    Gunsberg était à la lutte dans son pays avec Miksa Weiss. Celui-ci se fit remarquer en 1882 en termina dixième du tournoi de Vienne où il annula avec le vainqueur Wilhelm Steinitz et battit Johannes Zukertort (futur candidat mondial). Il termina deuxième des congrès allemands de Hambourg 1885 (ex æquo notamment avec Blackburne et Tarrasch, quatrième congrès allemand remporté par Gunsberg). En 1889, il remporta le congrès international américain de New York, ex æquo avec Tchigorine). À partir de 1880, avec Carl Schlechter, Weiss contribua à fonder l'école viennoise influencée par Wilhelm Steinitz, avec Wolf, Marco et Maroczy.

     

    A partir des années 1890 les échecs hongrois purent compter sur Gyula Makovetz. Il fonda le club d'échecs de Budapest Budapesti Sakkozó Társaság, qui publia sous sa direction le premier journal hongrois d'échecs Budapesti Sakkszemle. Makovetz remporta en 1890 le premier tournoi du club avec un score de 100 %. Il remporta également la même année le tournoi de Graz devant Johann Bauer et Emanuel Lasker qu'il battit dans la partie les opposant.

    Après une série de défaites, Makovetz douta de ses capacités à haut niveau et quitta le monde des échecs.

    Une autre personnalité émergea en cette fin du XIXe siècle : Rudolf (ou Rezső) Charousek En 1893, il perdit un match contre Gyula Makovetz. Il se lia d'amitié avec l'ingénieur hongrois Maróczy, avec lequel il jouait souvent. Charousek était si pauvre que, ne pouvant se payer un exemplaire du volumineux recueil d'ouvertures de Bilguer, il le recopia dans les bibliothèques publiques. Sous-alimenté, il contracta bien vite la tuberculose. Charousek prit part au premier tournoi d'échecs par correspondance en 1893, qui était organisé par le royaume de Hongrie, et partagea le premier prix avec Maróczy. À la suite de ses premiers succès à Budapest, on commença à inviter Charousek dans les tournois internationaux. Il fit sensation au tournoi de Nuremberg en 1896, en remportant une victoire éclatante contre le champion du monde Emanuel Lasker. Charousek termina douzième avec 8,5 points sur 18. Au printemps de la même année, il partagea la première place avec l'ancien candidat au titre Mikhail Tchigorine (8,5 points sur 12) au tournoi du jubilé de Budapest, mais perdit lors du match de départage (1 à 3).

    La Société d'échecs de Berlin organisa en 1897 un mémorial à l'occasion des 70 ans du club. Charousek remporta cette compétition empochant la récompense de 2 000 Marks.

    Au tournoi de Cologne en 1898, il fut deuxième ex æquo avec deux autres joueurs, puis il remporta le « tournoi des quatre maîtres » de Budapest devançant Maróczy. Après de tels succès, Charousek fut pressenti comme candidat contre Lasker pour le titre mondial, mais la rencontre n'eut jamais lieu: Charousek mourut en 1900, à 26 ans, de tuberculose. 

    Le statisticien américain Jeff Sonas a estimé son classement à 2 734 atteint en mars 1900. De mai 1899 à avril 1900 il était classé comme le 6e meilleur joueur du monde.

     


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    DE 1900 A L'ENTRE DEUX GUERRES

     

    Les échecs en Hongrie au début des années 1900 fut dominés par quatre joueurs : Leó Forgács, Lajos Asztalos, Gyula Breyer (dont nous reparlerons) et surtout l'un des plus grands noms de ce sport : Géza Maróczy (photo).

    Bien qu'il n'eut jamais disputé de match pour le championnat du monde d'échecs, il fit partie de l'élite mondiale pendant quarante ans (de 1895 à 1936, classé #1 par chessmetrics 30 mois entre octobre 1904 et mars 1907). Champion de Hongrie en 1932, il remporta les olympiades d'échecs de 1927 et 1936 avec la Hongrie et finit deuxième de l'olympiade de 1930, La fédération internationale lui décerna le titre de grand maître international des échecs lors de la création du titre en 1950.

    Joueur au style défensif, il a surtout su s'imposer face aux joueurs d'attaque, tels Frank Marshall (+11 -6 =8) et Joseph Henry Blackburne (+5 -0 =3).

    Sa défense victorieuse face à un gambit danois contre Jacques Mieses, ainsi que Karl Helling, parties au cours desquelles il rend du matériel contre des avantages de temps et de position, est qualifiée de modèle défensif par Max Euwe et Kramer dans leur volume double sur le milieu de partie. Aaron Nimzowitsch, dans Mon système, a présenté le gain de Maróczy contre Hugo Süchting (Barmen, 1905) comme un modèle de restriction de l'adversaire avant de pénétrer ses défenses. Sa maîtrise de finales de dames, comme dans une partie contre Frank Marshall (Karlovy Vary, 1907), était vue comme supérieure. Il était aussi capable, à l'occasion, de jouer des parties éblouissantes, dont sa fameuse victoire contre le joueur d'attaque David Janowski (Munich, 1900).

    Maróczy a donné son nom à l’étau de Maróczy, une formation de pions blancs qui survient dans la défense sicilienne. En positionnant leurs pions à e4 et à c4, les blancs réduisent légèrement leur capacité d'attaque, mais réduisent de façon marquée les possibilités de contre-attaque noire.

     

    Quant à Gyula Breyer (#9 mondial entre septembre 1917 et janvier 1918 selon chessmetrics), il fut l'un des fondateurs de l'école hypermoderne. En 1920, il termine premier dans un tournoi à Berlin, devant Bogoljubov, Tartacover, Réti, Maroczy et Tarrasch. Une maladie du cœur à coupé court à la prometteuse carrière d'échecs de Breyer. Il meurt en 1921 à Bratislava, à l'âge de 28 ans. Dans la théorie échiquéenne, on retrouve plusieurs variantes d'ouvertures portant son nom, notamment l'auteur d'une variante de la partie espagnole.

     

    1921 voit également la création de la fédération hongroise d'échecs.

     

    A compter des années 20, la Hongrie se fit remarquer lors des Olympiades.

    En 1924, les joueurs hongrois, dont les frères Steiner (Lajos et Endre)et Andor Lilienthal, disputèrent plusieurs tournois d'entraînement en vue du tournoi olympique de Paris. Les joueurs hongrois remportèrent la médaille d'argent lors de l'olympiade non officielle de 1924 à Paris. En 1926, la Hongrie remporta le tournoi par équipes (olympiade non officielle) de Budapest. Lors de la première olympiade officielle disputée à Londres en 1927, l'équipe de Hongrie remporta la médaille d'or. En 1928, lors de la deuxième olympiade officielle disputée à La Haye en 1928, l'équipe de Hongrie remporta à nouveau la médaille d'or. 

    En 1936, la Hongrie remporta la victoire lors de l'olympiade non officielle de Munich en Allemagne.


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    DE L'APRES GUERRE AUX ANNEES 80

     

    De l'après guerre jusqu'aux année 70, Gédéon Barcza fut l'un des meilleurs joueurs Hongrois : il remporta huit fois le championnat national entre 1942 et 1966 (en 1942, 1943, 1947, 1950, 1951, 1955, 1957 et 1958) et représenta son pays à sept olympiades d'échecs : six fois entre 1952 et 1962 ainsi qu'en 1968. Lors des olympiades, il remporta une médaille d'or individuelle au troisième échiquier en 1954 et une médaille de bronze par équipe en 1956. Barcza était connu pour son style positionnel. Il a donné sa préférence à l'ouverture caractérisée par les coups 1.Cf3, d5 ; 2.g3 et 3.Fg2 et connue comme le « système Barcza ». Cette ouverture réserve la possibilité de rentrer soit dans une ouverture anglaise, soit dans une ouverture hypermoderne comme l'attaque est-indienne par interversion de coups.

    En 1950, la FIDE lui décerna le titre de maître international et en 1954 celui de grand maître international.

    Barcza était en concurrence dans son pays avec László Szabó qui fut également huit fois champion de Hongrie entre 1935 et 1968, représenta la Hongrie à 11 Olympiades, jouant au premier échiquier à cinq reprises. En 1937, il prend la médaille de bronze par équipes, et la médaille d'argent individuelle. Szabó est le meilleur joueur hongrois pendant près de vingt ans (avant de laisser la place à Lajos Portisch dans les années 1960) et au sommet de sa carrière, il fut l'un des douze meilleurs joueurs du monde.

    Pal Benko fut un cas à part dans l'Histoire des échecs en Hongrie.

    Champion d'échecs de Hongrie à l'âge de 20 ans, Benko défend les couleurs de son pays à l'Olympiade d'échecs de Moscou en 1956 au 3e échiquier avec un score de 10/15 et une médaille de bronze collective. Mais après les Olympiades étudiantes de Reykjavik en 1957, il émigra aux États-Unis en 1958 et sa carrière se poursuivit sous le drapeau de l'oncle Sam.

    D'autres joueurs hongrois se sont distingués durant les années 50-60, comme Levente Lengyel, Győző Forintos ou László Bárczay.

     

    A compter du milieu des année 60, Lajos Portisch (photo) fut un des plus forts grands maîtres non soviétiques (#3 mondial en décembre 1980). Il a participé à dix matchs des candidats au championnat du monde de 1965 à 1989, remporté quatre fois le tournoi de Wijk aan Zee (en 1965, 1972, 1975 et 1978) et neuf fois le championnat de Hongrie de 1958 à 1981.

    1978 et 1980 sont deux grandes années pour les Echecs hongrois : en 1978 la Hongrie crée une grosse surprise en remportant les Olympiades, car l'URSS n'était invaincue depuis son adhésion à la FIDE (l'URSS était absente deux ans auparavant à Haïfa pour cause de boycott). L'équipe était composée de Portisch, Ribli, Sax, Adorjan, Csom et Vadasz.

    En 1980, la compétition fut passionnante. Les deux nations terminèrent avec le même nombre de points, l'URSS ne gagnant que grâce au départage du système Buchholz. La Hongrie confirme donc sa prestation précédente, secouant l'hégémonie de l'URSS dans cette discipline. La Hongrie (Portisch, Ribli, Sax, Csom, Faragó, Pintér) tint tête à une énorme équipe soviétique (Karpov, Polougaïevski, Tal, Geller, Balachov et Kasparov). 

    Dans les années 80, Portisch était talonné par Guyla Sax qui atteignit le douzième rang mondial en 1989. Zoltán Ribli et József Pintér complétait souvent une équipe de Hongrie toujours bien placée lors des Olympiades.

     


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    AUX TEMPS MODERNES

     

    A compter des années 1980, le classement mondial féminin fut impacté par la famille Polgar. Susan, Zsofia et Judit vinrent tour à tour au sommet de la hiérarchie, une hégémonie familiale unique dans l'histoire des échecs.

    Judit fut si forte qu'elle ne concourait qu'avec les hommes, et ne disputa pas de championnat du monde féminin. Elle est sans conteste la meilleure joueuse de tous les temps et atteignit deux fois le top 10 mondial.

     

    Le flambeau chez les hommes durant les années 2000 fut porté par Zoltán Almási, champion de Hongrie en 1999, 2000, 2003 et 2006.

     

    Longtemps considéré comme un enfant prodige, Peter Leko fut le grand espoir de la Hongrie des années 90 et 2000. Il obtint les titres de champion du monde des moins de 16 ans et de grand maître international en 1994, à 14 ans et 4 mois, devenant alors le plus jeune grand maître de l'histoire du titre.

    Sa réputation de joueur qui ne prend pas de risque et qui se contente souvent de la partie nulle laissait douter de son ambition d'être champion du monde. L'ex-champion du monde Anatoli Karpov a même déclaré que « personne ne deviendrait champion du monde avec un style aussi conservateur ! ».

    Lékó remporta en 1999 le tournoi de Dortmund, en 2003 le tournoi de Linares et en 2005 le tournoi de Wijk aan Zee.

    Après avoir gagné le tournoi des candidats de Dortmund en 2002, il disputa un match pour la couronne mondiale contre Vladimir Kramnik en octobre 2004. Le score final du match (7-7) permit à Kramnik de conserver son titre.

     

    Le nouvel espoir Hongrois s'appelle Richard Rapport. Au 1er janvier 2015, son classement Elo est de 2 716 points, ce qui en fait le premier junior (moins de 20 ans au 1er janvier), le 32e joueur mondial et le numéro 2 hongrois.

     

     


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